Désobéissance civile à Ottawa contre Keystone

Publié le par native-american

 

FANNIE OLIVIER
Publié: 26 septembre 2011 17:48
 
 
OTTAWA - Les dizaines de militants écologistes prêts à se faire arrêter par la police pour défendre leur opposition à l'oléoduc Keystone XL n'auront pas fait sourciller de le gouvernement: il gardera le cap avec son projet de pipeline.

Avec plus de 200 arrestations, la manifestation de lundi à Ottawa semble bien constituer le plus important acte de désobéissance civile concernant les changements climatiques au pays. Mais son ampleur n'a pas impressionné les conservateurs qui invoquent l'économie pour justifier le projet.

Si elle s'est démarquée par le nombre imposant d'arrestations, la manifestation l'a aussi été pour son côté extrêmement calme et pacifiste.

Sous un soleil estival, les dizaines de manifestants, plusieurs à la tête grisonnante, ont patiemment fait la file lundi afin de franchir les barrières de sécurité bloquant l'accès au parlement. Par vague de six personnes, sous les applaudissements des autres manifestants, ils ont gravi la petite barrière, certains avec l'aide d'un marche-pied.

Ils ont ensuite attendu sagement, assis en tailleur sur la pelouse, que les policiers procèdent à leur arrestation formelle. Les protestataires ont été relâchés rapidement et s'en sont tirés avec une amende de 65 $ et une interdiction de circuler sur la colline parlementaire pendant un an.

«Les sables bitumineux se développent de façon bien trop rapide, sans aucun respect pour l'environnement, l'économie et les êtres humains», a fait valoir Mike Newman, un manifestant d'Ottawa qui s'apprêtait à se faire arrêter.

Les actes de désobéissance civile organisés conjointement par Greenpeace, le Conseil des Canadiens et d'autres groupes environnementalistes étaient nécessaires parce qu'aucun autre moyen ne leur avait permis de se faire entendre, ont fait valoir ces organismes.

«Quand on a tout essayé, ce qu'il nous reste à faire, c'est de briser les lois pour faire comprendre à ce gouvernement-là que nous ne sommes pas les criminels, mais que ce sont eux, les criminels», a lancé le porte-parole d'Équiterre, Steven Guilbeault.

Le projet d'oléoduc de la société TransCanada, de Calgary, vise à acheminer vers le Texas, sur une distance de 2700 km, du pétrole brut issu des sables bitumineux de l'Alberta.

Le Canada a déjà donné son aval au projet évalué à 7 milliards $, mais on attend toujours l'approbation américaine, qui pourrait arriver avant la fin de l'année.

Des manifestations devant la Maison-Blanche aux États-Unis se sont d'ailleurs récemment soldées par l'arrestation de plus d'un millier de personnes, notamment les actrices Daryl Hannah et Margot Kidder.

Les écologistes partagent de nombreuses craintes quant au projet. Ils estiment que Keystone XL entraînera une hausse des émissions de gaz à effet de serre et pourraient provoquer de graves catastrophes écologiques, notamment en contaminant l'eau. Les communautés autochtones déplorent déjà des taux de cancer élevés dans les réserves près des zones d'exploitation des sables bitumineux.

Devant un tel constant, Lionel Lepine, de la communauté autochtone Athabasca Chipewyan, au nord de l'Alberta, appelle à une mobilisation du public encore plus imposante.

«C'est désormais entre les mains des gens. Je pense qu'après ce qu'on a vu aujourd'hui, on pourrait avoir une manifestation deux fois plus grosse dès demain», a-t-il estimé.

L'argument économique

En réponse aux manifestants, le ministre des Ressources naturelles Joe Olivier a publié un communiqué dans lequel il assure que «dans les années à venir, le secteur des sables bitumineux demeurera un pilier de l'économie canadienne». Il a vanté les nombreux emplois liés à cette industrie, alors que selon lui, 140 000 emplois seront créé si Keystone XL va de l'avant.

Mais c'est plutôt l'inverse qui risque d'arriver, selon le néo-démocrate, Thomas Mulcair.

«L'oléoduc en question va exporter des dizaines d’emplois», a-t-il fait valoir, rappelant que la transformation du pétrole se fera chez notre voisin du Sud.

«Ça renvoie à une époque où on exportait des billots de bois en Nouvelle-Angleterre pour réimporter les meubles, plutôt que de bâtir des entreprises ici. C’est la même chose», a-t-il déploré.

Les libéraux, dont la position sur les sables bitumineux s'approche davantage de celle des conservateurs, reprochent plutôt au gouvernement de ne pas avoir de politique claire de lutte contre les changements climatiques.

L'Association canadienne des producteurs pétroliers a pu quant à elle obtenir un appui de taille. Au moment où les écologistes étaient rassemblés sur la colline, un ancien de Greenpeace, Patrick Moore, s'est joint à la campagne en faveur des sables bitumineux. Selon lui, les compagnies pétrolières font leur part dans la restauration des écosystèmes, un fois complétée l'extraction du pétrole.
 
 
 Source > journalmetro.com

 

 


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