Geronimo Arlyn: «Protégez votre eau et votre air!»

Publié le par native-american

29. septembre 2011, 23h03

Joël Cerutti | Le Matin

 

Geronimo Arlyn, l’arrière-petit-fils du mythique guerrier apache, est de passage à Martigny. Avec un message pour la Suisse.

 

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Arlyn Geronimo accompagne l’exposition «Les Indiens d’Amérique, mythes et légendes de l’Ouest» à Martigny, où il sera le week-end du 1er et 2 septembre 2011 . © Sedrik Nemeth

 

Son nom, Geronimo, incarne tout un pan de l’histoire américaine. Il porte le prénom d’Arlyn et il est l’arrière-petit-fils de l’icône apache. Durant quelques jours, Arlyn Geronimo, 64 ans, s’est arrêté en Suisse, à la Foire du Valais de Martigny.

Le père d’Arlyn, durant la Seconde Guerre mondiale, s’est battu en Europe sous la bannière étoilée. C’est ce qui relie Arlyn Geronimo à la Suisse et au Valais. «Après la victoire, mon père a parcouru l’Europe, il s’est promené dans votre pays et il a développé un certain goût pour votre vin», assure Arlyn, lui-même devenu collectionneur de bonnes bouteilles.

Force des lieux
Ce mercredi, lors de son arrivée en Valais, il a été frappé par la force des lieux. «En langue apache, le mot «Dzil» désigne à la fois la montagne et la puissance. Cette force et cette sérénité se dégagent de votre pays qui possède une nature magnifique. Les Valaisans doivent être conscients de cette puissance et ne jamais s’en éloigner. Ils sont bénis des dieux d’avoir une eau propre et un air pur. Ces ressources, il faut les protéger», milite Arlyn, révolté de voir combien l’ancien territoire des Apaches, qui couvrait le Texas, l’Arizona et le Nouveau-Mexique est aujourd’hui souillé, pollué, exploité et dégradé «sans vergogne».

Vétéran, sculpteur, comédien, Arlyn a fait partie du Conseil de la tribu apache. «J’étais une voix qui prenait plus d’importance lorsque je m’exprimais à Washington devant les médias. Aujourd’hui, je me suis retiré de cet aspect politique. Je suis entendu comme sage et on écoute les fruits de mon expérience. Avec mon épouse, Karen, je développe mes connaissances médicinales et je tiens un rôle dans le développement spirtiuel de la tribu.» Karen est d’ailleurs très intéressée par les herbes médicinales qui poussent sur les altitudes valaisannes. «J’aimerais bien rencontrer quelqu’un qui puisse me dire leurs noms et leurs vertus», dit-elle.

Combat de son ancêtre
Voix posée, grave, Arlyn Geronimo est aussi là pour porter un combat: le respect de son ancêtre et de ses dernières volontés.

Geronimo avait demandé que sa dépouille repose sur ses terres natales proches de la rivière Gila. Mais il a été enterré à Fort Sill. En février 2009, Arlyn attaque en justice le président Barack Obama, le gouvernement américain et les secrétaires d’Etat aux armées et à la défense. «Je demandais, dans le respect des traditions religieuses du peuple apache que l’on puisse suivre les souhaits de mon grand aïeul. Ils n’ont pas apprécié cette publicité négative et ils ont tout fait pour étouffer cette affaire. Ils nous ont répondu que cela ne les concernait pas et que nous devions régler ce différend avec l’Oklahoma, où se trouve Fort Sill. Le fond du problème est que l’armée américaine n’a jamais vaincu Geronimo et ça, elle ne l’accepte toujours pas», regrette Arlyn.

Attrait touristique
Derrière cette procédure administrative, il y a d’énormes intérêts économiques. «Le symbole de mon arrière-grand-père rapporte des millions à l’économie régionale. Les touristes viennent en masse sur sa tombe à Fort Sill et ils ne veulent pas perdre ça!» souligne l’héritier de Geronimo. Qui rappelle un autre pan peu glorieux de la petite histoire américaine. «Le grand-père de George Bush, en 1918, avec d’autres personnes, a profané la tombe de mon ancêtre. Les forces que je dois combattre sont d’une grande ampleur. Je ne renoncerai jamais car je suis un Geronimo de tout mon être. D’autres tribus ont obtenu que les dépouilles de leurs ancêtres regagnent leur terre natale. C’est la seule façon pour que l’esprit de mon arrière-grand-père atteigne la sérénité et soit en paix!»

Ben Laden encore pire
La révolte d’Arlyn et de sa famille ne s’est pas apaisée ce printemps quand ils ont appris que Ben Laden portait «Geronimo» comme nom de code dans l’opération qui a conduit à son élimination. «La tribu apache a été abasourdie. Il est totalement inacceptable d’associer celui qui a été l’ennemi public numéro un, responsable de milliers de morts, à une des figures les plus importantes du peuple indien. Vous savez, actuellement, il y a 50 000 Amérindiens qui se battent pour les Etats-Unis en Afghanistan ou en Irak. Qu’ont-ils ressenti? Moi-même, je suis un vétéran du Vietnam», précise-t-il.

Arlyn doit ses premiers souvenirs d’enfance à son aïeul. «Lorsque j’avais 4 ans, nous étions autour du feu, et on me parlait de Geronimo, de son charisme et, surtout, de sa capacité d’organisation guerrière. Mais je n’avais aucune idée de l’impact qu’il avait sur la culture américaine. Lorsque je suis arrivé au Vietnam, mes instructeurs sortaient de la grande académie militaire de West Point. Ils m’ont expliqué qu’ils avaient suivi des cours de guérilla selon les techniques utilisées par Geronimo!»

 

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Un rebelle qui n’a jamais été vaincu

L’armée américaine n’est jamais venue à bout des Apaches.

Le chef Cochise a mené durant 9 ans une guérilla victorieuse contre les soldats blancs.

Il avait été accusé à tort d’avoir kidnappé un enfant. Ce sont les Américains eux-mêmes qui sont venus lui proposer la paix.

A la mort de Cochise, en 1876, le gouvernement américain veut déporter les Apaches dans la réserve de San Carlos, un endroit hostile où ne règnent que pierres et épines. Les deux tiers des Indiens refusent d’y aller et rejoignent le rebelle Geronimo. En 1858, il voit sa mère, sa femme et ses trois enfants massacrés par des soldats mexicains et américains. Il jure de tous les tuer. Durant presque 30 ans, le chaman et guerrier apache mène la vie très dure à ses ennemis. Il se rend quatre fois mais reprend toujours les armes. Par moments, une armée de 8000 militaires le traque dans les montages.

«Personne n’a capturé Geronimo car on ne peut capturer le vent», dit un de ses frères d’armes. Le guerrier apache décide lui-même de se livrer le 4 septembre 1886. Il restera durant 23 ans dans les prisons indiennes. Il se bat avec des mots pour dénoncer le mépris avec lequel les hommes blancs le traitent. «Quand le soleil me regarde, il voit un homme à part entière!» dit-il dans ses Mémoires. Geronimo meurt d’une pneumonie à Fort Sill en février 1909.

 

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Publié dans Presses et TV

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