Les Premières nations à la recherche de solutions

Ghislain Picard, chef de l'Assemblée des premières nations du Québec et du Labrador, estime qu'il est urgent d'agir de façon plus efficace en matière de dépendances chez les nations autochtones, particulièrement auprès des jeunes.

Photo: Stéphane Lessard

Louise Plante Le Nouvelliste

(Trois-Rivières) L'Assemblée des Premières nations du Québec et du Labrador tient actuellement au Centre des congrès de l'hôtel Delta de Trois-Rivières un important sommet sur les dépendances - drogues, alcool, jeux- réunissant plus de 400 participants provenant de tous les secteurs de la société, ainsi que la plupart des chefs de nations. L'objectif: en ressortir jeudi avec au moins trois pistes de solution pouvant être mises en oeuvre très rapidement.

Lorsqu'on demande au Chef Ghislain Picard d'où est venu ce sentiment d'urgence il répond que politiquement, les chefs des Premières nations et du Labrador ont récemment donné une direction très claire en ce sens.

«La situation était suffisamment préoccupante pour qu'apparaisse le besoin d'un endroit de réflexion, d'où le sommet de Trois-Rivières. Les gens qui sont ici sont ceux qui sont sur le front, peu importe la communauté ou le domaine d'intervention - santé, éducation, intervenants sociaux, policiers - tout le monde est représenté. On doit trouver une façon d'unir nos forces et de renverser la vapeur.»

Contrairement au reste du Canada, les Premières nations connaissent en effet un boom démographique très important et leur population est nettement plus jeune que celle du reste du pays.

En 2001, l'âge médian de la population autochtone était en effet de 24,7 ans, soit 13 ans de moins que celui de la population non autochtone.

Or, 57,7% des adolescents autochtones (12-17 ans) affirment avoir déjà consommé de l'alcool et 44,2% des drogues, dans l'année précédant une récente enquête sur les dépendances.

Ces chiffres gonflent jusqu'à 75.9% chez les 15-17 ans en ce qui concerne l'alcool et 58,4% pour ce qui est de la drogue.

Chez les adultes, 73,9% affirment avoir consommé de l'alcool l'année précédente et 36,2% de la drogue. De ce nombre, 15,5% ont déjà suivi un traitement pour l'abus l'alcool et 10,2% un traitement pour l'abus de drogue.

«On cherche à développer une approche intégrée mais surtout continue, précise M. Picard. La pire chose qui pourrait arriver après ce sommet, c'est qu'on mette de l'avant un plan d'action et que dans trois ans, on fasse le même constat. Ce serait la chose le plus horrible qui puisse nous arriver.»

Le chef ajoute que le défi de cette semaine est d'arriver avec des solutions, un plan d'action très ciblé et un échéancier prévoyant que tout le monde se mette à la tâche immédiatement en quittant Trois-Rivières.

Durant les 30 dernières années, rappelle-il, les nations autochtones ont vu défiler plusieurs programmes gouvernementaux qui avaient tous pour but de lutter contre l'abus des substances.

Mais un constat s'est imposé. Il fallait assurer un suivi à ces initiatives et aussi développer le mariage entre les différentes interventions.

«La situation est assez préoccupante qu'elle interpelle tout le monde sur une base quotidienne, insiste M. Picard. Il y a énormément d'arrimages à faire entre les intervenants et les communautés. Tout le monde a un rôle à jouer, du policier au chef du conseil de bande.»

M. Picard ajoute qu'il ne faut pas oublier de prendre en compte l'histoire des nations autochtones, dont les tentatives d'assimilation dont elles ont été victimes et qui ont laissé des marques indélébiles sur plusieurs générations.

Avec comme résultat, note-il, qu'il faut travailler sur les individus et particulièrement l'estime de soi.

«Il faut que l'estime de soi reprenne sa place chez les autochtones. C'est un chantier immense et c'est pourquoi il est important que ça commence le plus tôt possible.»

Le sommet sur les dépendances se poursuit aujourd'hui toute la journée avec plusieurs ateliers. Les conclusions devraient être présentées jeudi.

Source: http://www.cyberpresse.ca